Le mot de l’auteur

Rock'n'roll : un concept vieux de plus de soixante années et mot derrière lequel apparaît immédiatement une attitude jamais démentie qui véhicule insoumission, excès et surtout aspiration libertaire, le tout en vue de s'adonner à une création souvent inégalée et prolifique. Historiquement, le rock naît à une époque où le consumérisme et le divertissement s'imposent en maîtres dans un pays où ces deux valeurs mèneront les populations vers les rayons vinyliques. L'industrie musicale n'aura qu'à compter les points d'une nouvelle culture qui va guider toute une génération, puis celles qui suivront. Génération qui, en pleine prospérité, sera celle de l'indépendance retrouvée et des abus non réprimés. Elle se bâtira des codes, des créations et un mode de vie qui, bien des années plus tard, sera recouvert de la patine du classicisme. Demain n'existe pas, nous sommes dans le règne absolu du plaisir immédiat, écoutez, jouissez sans entrave et consommez ! Elle s'inventera aussi des icônes, images mythiques, ces légendes nées au creux de ces utopies ont, aujourd'hui encore, la dent dure. Le passé en étoufferait presque le présent et les vétérans du rock semblent à présent impatients de venir narrer leur vie de volupté et d'insoumission d'origine contrôlée à une génération évoluant dans la nostalgie d'une époque qu'elle ne connaît que par procuration. Leur victoire, dès lors, est d'avoir résisté à l'usage inconsidéré et illimité de leur autonomie et d'avoir enterré leurs démons.

La culture rock : vieille comme l'après-guerre, patinée et ridée, en quête d'un perpétuel lifting et de respectabilité non avouée. C'est bien le comble de l'ironie ou du cynisme, au choix, pour une rock attitude dont la règle centrale est la vitesse, la rapidité et la délectation immédiate.

Nul ne pourra remettre en cause que Jim Morrison s'est interdit de vieillir et n'aura jamais à confronter les valeurs de la jeunesse aux contraintes d'une société. Parti en pleine gloire, l'image figée de son visage précocement usé ornera encore, bien des années après, les tee-shirts et les murs d'une génération qui aurait pu être celle de ses petits-enfants. Plus qu’un artiste il deviendra un symbole de la jeunesse pour l'éternité. Vision quasi christique et mystification obligatoire. Force est de constater que l'effacement prématuré de cet artiste lui confère une intégrité exceptionnelle au regard de la religion rock. Il aura clamé la liberté, le mépris de toute sagesse, les excès, le refus des règles, et la satisfaction a triomphé de la prudence. La magie n'a plus alors qu'à opérer et se mettre en marche pour la courte éternité de la mémoire collective.

« Tout le secret de la vie se réduit à ce qu’elle n’ait aucun sens, chacun de nous, pourtant, lui en trouve», écrivait Emil Cioran, en proie à une illogique amertume ou à une extrême lucidité. Volontairement ou non, Jim a acheté au prix fort son ticket pour l'éternité. Il a choisi la voie de la liberté et des excès en tous genres, sans aucune frontière. On n'est pas sérieux quand on a 27 ans, cela se sait !


« La prudence est une riche et laide vielle fille à qui l’incapacité fait la cour ».  (William Blake)

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